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Flamber

Jeanne Cardinal, Corentin Garrido, Marie Pic
curatrice Jeanne Chopy

05/10/2024 > 24/11/2024

❝ Les Rocking-Chair sont maintenant comme des ami·es que je suis contente de retrouver chaque année. Flamber était encore un mot choisi vite, l’an dernier, je l’avoue, au moment d’écrire la saison 2024 du basculeur. Hop, hop, hop, on rentabilise le temps, comme on brûlerait des calories sur un tapis de course. Après Célébrer : Flamber, j’avais l’impression qu’il y a avait une montée d’énergie.
Aujourd’hui, Flamber arrive encore à point nommé, mais je vous assure que c’est par hasard. J’ai essayé à plusieurs reprises d’écrire cet édito. Oui, car Flamber amène plein d’occasions. J’ai d’abord écrit une histoire
avec des personnages un peu loufoques, il était question d’art, d’interrogation métaphysique sur le soleil (5 500 °C), de raisonnements autour du numéro 6 de ce journal et de son sort potentiellement diabolique. Mais j’avais peur de perdre les lecteur·ices.
Donc j’ai écrit un poème pour essayer de parler de l’amour, toujours, de l’amitié, d’un chien mouillé qui sèche près de la cheminée. Des rimes en é et en our.
Oh Glamour
Four
Où rêver ?
Où se consumer ?
À Contre-jour
Un poème irrationnel et méditatif, autant que la poussière qu’on peut observer en lévitation dans un rayon de soleil. Mais je sentais que ce n’était pas encore prêt.
Puis, j’ai écrit un texte où j’ai nommé des artistes qui ont brûlé des trucs, il y avait des connu·es et des inconnu·es. Il commençait à partir de la préhistoire : du silex jusqu’au briquet. Ce paragraphe aurait permis d’assouvir le désir des personnes avides de références, mais il vous faudra les trouver vous-mêmes.
Après, j’ai écrit un paragraphe sur l’écologie, sur les feux de forêts qui ravagent les terres et sur la canicule ; à cause du réchauffement climatique, de l’inaction des politiques et des 1 % de l’humanité : les plus riches flambeurs dominants, qui émettent autant de CO2 que les deux tiers du reste du monde. Alors, pour sauver la planète mangez un riche¹. Un phare au loin nous fait pourtant des signes de fumée pour changer de cap. Mais j’avais l’impression d’être dans la peau d’une autre, d’être hors de mon champ d’action, d’être hors
art.
Ensuite, j’ai écrit un texte politique, incendier, où je parlais des J.O., de la flamme olympique, dont on nous a martelé le crâne à coup de torche. J’aurai aussi pu placer quelques mots sur la cérémonie d’ouverture, mise
en scène par Thomas Jolly, chorégraphiée par Maud Le Pladec, qui a fait briller mon coeur le temps d’une soirée télé, pour son inclusivité, sa bonne humeur, son amour brûlant ; avant de s’attirer la foudre des fachos, des conservateur·ices et des phobes.
J’aurais pu dans ce même texte aussi oser écrire une toute petite ligne, bien que le sol puisse être glissant (à cause de l’eau pour tout éteindre), sur les élections qui nous ont secoué·es la vie, à nous les travailleur·euses de l’art, parmi les grand·es oublié·es de ce monde. Mais que s’est-il passé ? Nous avons eu chaud aux fesses, si vous me permettez l’expression que je trouve bien à propos. Il est donc bien temps de brûler le feu², de carboniser les idées rétrogrades de ce vieux monde. Flamber aujourd’hui est donc une urgence.
Enfin, j’ai écrit un texte sur les 3 artistes que j’ai invité·es cette année à éclairer, à exposer. Sur les pages de Jeanne Cardinal, des silhouettes d’objets sont placées à la perpendiculaire d’un horizon invisible. Elles sont le miroir de sa collection présente dans l’espace. Des matières brillantes, de l’éclat, des formes choisies
pour leurs qualités d’attractions. Les personnages de Corentin Garrido, vivent sous nos yeux, un peu comme des présences qu’on aurait déjà croisées, éprouvant des sentiments qu’on pourrait leur emprunter. Un mélange de douceur et d’amertume. De chaleur au coin du feu. Ici, Marie Pic manie l’ornementation aussi bien dans ses dessins que dans ses bas-reliefs, mais quoi qu’il en soit, il vous faudra trouver les clefs pour ouvrir les portes. Il y est question de contour de perles, d’incrustation et de collage : d’une narration surréaliste à déchiffrer. Merci à elleux pour leur participation à ce projet ! Au pire, ce journal est parfait pour
un départ de cheminée. (Attention à ne pas trop tasser les boules de papier). ❞
Jeanne Chopy, août 2024.

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