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le blog du basculeur par Marc Chopy

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billet du 20.07.20

Depuis la parution du journal Rocking-Chair #1 en septembre 2019, cette année aura passé bizarrement au basculeur. D’abord la fin des travaux intérieurs, placo, peinture, aménagements divers à l’automne. Puis déménagement et commencement du transport de mes œuvres. Mais avant, un jour d’octobre ou de novembre il neige abondamment, sur la maison, sur le paysage et les champs de la plaine de la Bièvre et de la Valloire, sur les feuilles des arbres encore accrochées aux branches. C’est pourtant si beau ces flocons qui dansent sur l’orangé du bardage et les plans de couleur à vif des lambrequins. Cependant le lendemain on découvrira toute cette  casse, ces brisures, ces arrachements d’arbres. Ici, mais hélas aussi dans beaucoup de bois et de forêts avoisinantes. Toutes ces dépouilles de branches qu’il nous faudra débarder en janvier pour remettre notre espace en ordre. 

 

On ne sait rien encore de ce qui vient. 

Il y a d’abord cette exposition de mes peintures et sculptures appelées « Temple de la Nature » réalisées entre 1986 et 1989, vernissage au début de  février et l’exposition s’achève le 15 mars. Et puis un premier récital de chansons comme nous l’avions souhaité. La complexification du réel qui vient bouleverser nos espérances et nos promesses est une des premières séquences de l’acte d’habiter ce lieu-d’art-contemporain-à-la-campagne que nous avons imaginé à travers la construction du basculeur. Il y eut pourtant l’infiniment petit d’un virus et l’ignorance des hommes le trouble de la science l’impéritie de la politique le maelström du naturel et du social pour perturber soudain notre conscience du réel, bouleverser tout ce que nous avions imaginé du présent et radicaliser le futur. 

 

Un temps c’est le silence et l’immobilité, la route déserte, le ciel vide d’avions, le pays qu’on découvre à pied, dans sa résille de chemins à une heure de son habitation. On prend d’autres repères, on consomme juste le nécessaire, on intègre les réseaux de proximité de la production de nourriture, on s’invente une manière d’être un peu comme un insulaire, on voit la limite d’une mer virtuelle qui vient clore l’espace habitable. Elle offre ici une plage tranquille où vient battre le chant retrouvé des oiseaux, et diffuse un calme comme à une époque ancienne. Ce qui devait se terminer des travaux, terrassement, plantations, est suspendu. On est confiné, on ne se rencontre plus, on se terre. Expériences. Tout un programme établi d’expositions et de rencontres au basculeur, s’est envolé, détricoté serait plutôt le mot exact. Une langueur et une nonchalance nous insufflent une autre méthode de vie. Le temps est sans doute en creux, vague, en forme de hamac, doux, chaleureux, mais presque inconfortable paradoxalement. Mais il faut se reprendre et croire que l’avant est encore possible dans l’après. Un après dissemblable à lui-même, déshabitué, inexorablement dévié. Mais il existe ce trouble, ce tremblement ce frisson de déréalité qui vacille pareil à la flamme d’une bougie avant peut-être de s’éteindre. Il y eut bien d’autres péripéties que je tais ici !…

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