
Lovons les taillis
Pierre Boggio, Marc Chopy, Audrey Galais, Marie Lannou
Commissariée par Jeanne Chopy
01/07/2023 > 27/08/2023
"En ce premier jour de juillet, voici venu le 3ème et dernier volet des expositions dans les bois et au basculeur. Nous serons passé·es par, En forêt, Sous les bois et Lovons les taillis. Ce trio a tourné autour des arbres, tout en évitant de les nommer franchement, comme si cela pouvait nous désenchanter ou pour ne pas conjurer un sort jeté.
La forêt absorbe le temps. En forêt, pas de chemin, pas d’humain·es, mais des arbres, des feuilles, de la terre, des insectes et des animaux. Et si nous tentions d’y proposer de l’art ? Les mots utilisés pourraient être les mêmes que ceux de la première exposition. Car finalement, en forêt, l’art ne peut être qu’une tentative, nous devons nous résoudre au laisser-aller des pièces qui vivront au rythme des intempéries, des aléas et du temps rebelle. Une vie parallèle et presque contradictoire aux pièces de l’intérieur de l’espace, leurs homologues, leurs soeurs contraires.
Oh doux paradoxe...
Pour cette troisième année, Pierre Boggio, Marc Chopy, Audrey Galais et Marie Lannou ont investi ces deux lieux de leurs travaux. Pierre Boggio nous conte l’histoire d’un autre âge, un hier lointain, à l’aube du monde, au travers d’un grands rideaux angulaires en cyanotype, d’une édition, d’une petite table et de céramiques. Le temps d’une descente dans la forêt, pour une procession païenne, en écoutant son mythe, le temps d’une impression solaire et d’une lecture en typographie à empâtement. Marc Chopy, en forêt, rejoue d’anciennes pièces, ce sont les mêmes sans en avoir tout à fait l’air, les couleurs et opacités ont changées. Dans l’espace, il convoque d’autres années, celle de la peinture à l’huile matiérée (où les formes étaient déjà là) ou celle d’une technique d’encrage qu’il a pu perfectionner dans les années 1980. Des vases chimères, mi-animaux-mi végétaux, sont comme des fictions d’où pourraient commencer toutes les fables, d’où pourraient pousser toutes les fleurs. Les chimères sont aussi un vocabulaire formel qu’emprunte Audrey Galais, mélangeant à la fois des images d’une faune extraordinaire et relaxante, bizarroïde et antasmagorique. On pourrait avoir l’impression de reconnaitre un modelage, un contour ? Le cercle, un motif répétitif, celui du rassemblement, du clan, du nid, du territoire; elle l’utilise dans l’espace et dans la forêt, et ainsi met en scène, orchestre même l’histoire dont elle est la narratrice, de ses créatures comme trouvées au hasard d’un virage sur notre chemin. Marie Lannou, quant à elle, met en jeu dans l’espace, des formes qui deviennent couleurs, des matériaux qui deviennent lignes. Un grand pastel absorbe notre regard, puis nous convergeons vers cette meute de bleus, comme autant de morceaux de ciel tombés au sol. La courbe, elle l’évoque avec l’arche, dans l’espace, puis dans la forêt, où elle fait exister de grandes ouvertures en mouvement, au dessin trompeur.
Merci aux artistes, aux monteur·euses et aux artistes des années passées de la trilogie des forêts: Margaux Auria, Hélène Caïazzo, Delphine Caraz, Roland Cognet, Julie Digard, Julie Kieffer, Frédéric Storup, Masahiro Suzuki, Robin Tornambe."
Jeanne Chopy, 2023.
























